jeudi 23 septembre 2010

“Quand les armes parlent, les lois se taisent.” Cicéron

Après seulement quelques semaines ici, la chose nous est déjà familière. Ce phénomène pourtant très étrange pour nous au départ, me semble aujourd’hui banal : les armes.

La ville de Beyrouth ressemble parfois à une gigantesque caserne. La police, les gendarmes et l’armée libanaise font désormais parti intégrante de notre vie quotidienne.

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Aux grands carrefour, vous trouverez un policier qui organise une circulation assez approximative selon son bon vouloir. Il peut d’ailleurs s’arrêter spontanément pour discuter avec une connaissance ! La police en général est assez “libre”, en voitures de cow-boy ou en motos personnalisées (les motards semblent avoir leur propre véhicule !). Les policiers (en gris), travaillent avec la gendarmerie libanaise (en treillis de camouflage gris). Déjà à cette étape vous aurez déjà vu des hommes en armes lourdes, équipés de fusils d’assaut et non de simples pistolets.    

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L’armée libanaise est tout aussi présente dans les rues de Beyrouth. Les véhicules blindés imposants postés sur les grands axes, Les colonnes de chars légers, les camions remplis de soldats, les hélicoptères qui survolent la ville chaque jour, les barrages surprise qui bloquent parfois certaines rues : l’armée est omniprésente et (parait) lourdement armée.

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Si au début, cela peut susciter une certaine surprise, la chose est malheureusement devenue banale. Au fil de nos rencontres, il semble extrêmement simple ici de posséder des armes de guerre. Une personne originaire d’un village des montages nous a ainsi confié qu’il possédait chez lui bon nombre d’armes de guerre qu’il utilisait pour chasser, et que de toute façon la police ne venait jamais chez eux.

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C’est cette dangereuse routine des armes et des forces armées dans les rues qui m’a permis de prendre ces photos. S’il est déconseillé de jouer à prendre les militaires en photo, la chose n’inquiète plus vraiment pour peu qu’on fasse preuve d’un peu de discrétion.

Le problème ne semble pas prêt d’être résolu. Des choses nous surprennent encore : certains enfants dans les rues ne jouent pas avec de petits pistolets à eau, mais avec des petites Kalachnikov ! Ce matin encore, en arrivant à l’Université, je remarque cette affiche :

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Ce pays n’a pas fini de nous surprendre. S’il est un devoir de s’abstenir de le juger, il en est un aussi de l’observer dans tous ses aspects !

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Pierre-Etienne

mercredi 22 septembre 2010

Deus caritas est

Il suffit ici d’acheter une table à repasser dans une boutique de quartier pour engager une conversation passionnante avec le commerçant. Scène typique depuis mon arrivée au Liban : tout le monde vous propose de l’aide, vous présente un ami, un cousin qui peut vous trouver un appartement, vous faire visiter son village ou vous inviter à boire un verre chez lui.

Si la convivialité est donc de rigueur chez tous les libanais que nous avons pu rencontrer jusqu’ici, des points restent tout de même assez mystérieux. Comment est-il possible, dans un pays si ouvert et si accueillant, de trouver de tels tensions entre les communautés ?

Je discutais avec le commerçant au sujet de cette convivialité qu’on ne connait hélas que trop peu en France. Il m’a alors demandé au passage, si j’étais chrétien ou non. Répondant par l’affirmative, il acquiesce et me dit qu’alors à Furn-el-chebbak, je n’aurais que des amis. Il m’a alors fait comprendre très peu subtilement qu’il en serait autrement si j’avais été d’une autre confession. La discussion à ce sujet s’est alors engagée tout naturellement (chose rare ici, le sujet demeurant très tabou).

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La religion est ici omniprésente, elle enveloppe une société organisée en quartiers, en familles. Ce commerçant me disait très simplement qu’il ne s’agit plus aujourd’hui de haine ou de remords, mais que compte tenu de l’histoire fratricide du pays et des conflits qui ont habité ces quartiers, le “chacun chez soi” était devenu une habitude. “Nous ne mélangeons pas”. 

Si vous venez nous voir au Liban, vous ne manquerez pas ces signes religieux. Chaque voiture arbore un poisson à l’arrière, le chapelet ou le misbaha sur le rétroviseur : les signes religieux ostentatoires sont ici la règle, non l’exception. Dans la rue, ce sont de petites chapelles dressées un peu partout en l’honneur de St. Charbel ou de Marie, avec des bougies allumées en permanence ! Entre l’imposante mosquée El-Omari et les cathédrales chrétiennes règne une atmosphère religieuse très particulière.

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Bien plus qu’un élément spirituel, la religion est ici un facteur identitaire fondamental que personne ne penserais occulter ! Ici, notre laïcité française n’a plus aucun sens, ou du moins, n’est pas admise. Par exemple, il n’existe pas ici de code civil régi par l’Etat : le droit du mariage, du divorce, des successions relèvent des autorités religieuses.

Mon commerçant m’a dit : “En France, il y a des chrétiens, des musulmans, des juifs, et ça marche. Ici, c’est la guerre tout le temps ! Pourquoi ? ”

Je n’ai pas su quoi répondre…

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Pierre-Etienne

mardi 21 septembre 2010

Taxi & Co.

“Bienvenue au Liban!” Cette phrase nous a été dite plusieurs fois depuis notre arrivée à Beyrouth, il y a maintenant plus de 15 jours.La première personne qui nous a gratifié de cette exclamation ne fut pas le douanier mais le chauffeur de taxi de l’aéroport, après nous avoir arnaqué de 40$ sur le prix réel d’une course entre l’aéroport international Rafic Hariri et le centre ville. La capital du Liban sans ses taxis je pense que c’est un Paris sans Tour Eiffel.

 

Pour les reconnaitre aucun soucis:  se sont des voitures à plaques d’immatriculations rouges, avec parfois sur le toit une borne mentionnant “taxi”. Toutefois, il faut faire la différence entre un taxi normal que l’on peut réserver à l’avance et les taxi-services. Se sont ces derniers qui animent la voirie beyrouthine. Pas la peine d’attendre un service, en passant devant vous, il va ralentir et klaxonner frénétiquement. Si votre destination ne convient pas au chauffeur,  vous serez gratifié d’un hochement de la tête vers le haut accompagné d’une levée des yeux vers le ciel. Ce geste qui pour la premier fois s’apparente au dédain n’est qu’une façon simple et efficace de dire non. De plus, si un service vous klaxonne et vous ne désirez pas monter dedans vous pouvez faire ce geste, avec un peu d’entrainement on y prend vite l’habitude; en effet, sur 100 mètres de marche on peut se faire klaxonner par 15 taxi-services…

 

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Un taxi service coûte 2000 livres libanaises soit 1,05 euros. Ce prix modique peut être doublé sur des distances plus longues. Si un service est si peu cher, c’est que l’on n’est pas un client unique, d’autres personnes peuvent monter après vous si leurs destinations correspondent globalement à là votre. De plus, un service peut prendre la liberté de s’arrêter prendre un sandwich ou autre sur son trajet donc attention au timing en cas de rendez-vous!!! Parfois le taxidriver ne parle pas anglais ni français ou votre arabe pauvre en vocabulaire, mais le service c’est aussi l’occasion de rencontrer des personnes de tous horizons, de se faire proposer un pepsi ou une cigarette par le chauffeur, de discuter de la circulation, des libanais et une tendance à faire des remarques sur les jolies filles.

 

Je tenais à publier ce premier article sur les taxis car en arrivant à Beyrouth c’est une des choses qui m’a le plus marqué. En effet, la voirie de Beyrouth est animée par un concert de klaxon incessant qui est loin d’être une musique harmonieuse.  On klaxonne pour avoir la priorité, pour doubler par la gauche ou la droite, pour s’annoncer quand on remonte une rue à sens interdit, parce que il y a un bouchon de 3 minutes et que cela nous énerve ou encore parce que l’on est joyeux de retrouver la maison, etc. Tout ce bruit est marquant et il faut s’y habituer! Maintenant c’est chose faite.

“Service please” “ USJ rue monnot” “ 2000 okay” “ houné*” “choukrane**”

*c’est ici. ** merci

Nathan